Eh oui, plus de dix ans se sont écoulés depuis la sortie du tout premier Puyo Puyo Tetris, ce crossover entre deux licences emblématiques du puzzle-game. Souvenez-vous : lors de son lancement au Japon, la toute première Nintendo Switch accueillait Puyo Puyo Tetris, un titre initialement paru en 2014. Trois ans plus tard, sa suite voyait le jour, sobrement intitulée Puyo Puyo Tetris 2. Alors pourquoi SEGA décide-t-il aujourd’hui de porter un jeu vieux de cinq ans sur la Nintendo Switch 2 ? D’autant plus que la rétrocompatibilité permet encore d’y jouer sur la première Switch. Qu’est-ce qui peut bien justifier ce mystérieux « S » ajouté au titre Puyo Puyo Tetris 2S ? 66345k
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
« On prend les mêmes et on recommence » 226ei
Tout d’abord, petite présentation pour ceux qui ne connaîtraient pas Tetris (sérieusement?) et Puyo Puyo: Tetris est un jeu de réflexion dans lequel des pièces de formes variées tombent du haut de l’écran. Le but est de former des lignes complètes qui disparaissent lorsqu’elles sont alignées. Si une pièce atteint le sommet de l’écran, c’est le game over.
Dans Puyo Puyo, des blobs colorés — appelés Puyos, issus de l’univers Madou Monogatari — tombent également du haut de l’écran. Ici, il faut aligner au moins quatre Puyos de la même couleur pour les faire disparaître.
Malgré quelques règles de base similaires, Tetris et Puyo Puyo fonctionnent selon des logiques bien différentes. Dans Tetris, une fois posées, les pièces restent figées, ce qui met l’accent sur la rapidité d'exécution et la réactivité. À l’inverse, Puyo Puyo repose davantage sur la planification : les pièces obéissent à la gravité, et il faut soigneusement les empiler pour créer des chaînes de réactions. Lorsqu’un groupe disparaît, les Puyos du dessus tombent, déclenchant potentiellement d’autres combinaisons — réalisant ainsi un enchaînement.
Réduire Puyo Puyo à un simple Tetris-like, comme l’a fait par le é une partie de la presse vidéoludique, revient à adopter une lecture plutôt superficielle du gameplay de ces deux licences. En réalité, Puyo Puyo se rapproche bien plus de Columns (lui aussi trop souvent qualifié à tort de clone de Tetris), car tous deux reposent sur des règles et un rythme similaire. Ces deux types de gameplay, bien que très différents dans leur logique, se révèlent étonnamment complémentaires. Et au fil des années, chaque série a affiné sa formule, rendant leur fusion dans un même titre plutôt cohérente.
Dans les faits, Puyo Puyo Tetris 2S permet de jouer à l’un ou l’autre des deux jeux dès l’écran d’accueil, de manière indépendante. Cependant, ce sont les modes versus qui constituent le cœur du jeu. Durant ces parties, les joueurs peuvent s’envoyer mutuellement des obstacles en réalisant des combinaisons dans leur propre grille. Il est aussi possible d’annuler ou de repousser ces malus en attaquant au bon moment, ajoutant ainsi un certain niveau de stratégie. Faut-il prendre le risque de faire un tetris ou un combo maintenant pour parer une offensive, ou attendre un peu pour réaliser une attaque encore plus dévastatrice?
Un contenu de base déjà conséquent... 1p5ni
Puyo Puyo Tetris 2S propose plusieurs variantes dans ses modes de jeu. On peut affronter ses adversaires dans des configurations classiques (Puyo vs Puyo ou Tetris vs Tetris), ou mélangées (Puyo vs Tetris), mais certains modes expérimentent des mécaniques hybrides : par exemple, dans le mode Fusion, les Puyos et les pièces de Tetris tombent sur une seule et même grille. Le mode Échange, quant à lui, fait alterner les grilles de Puyo Puyo et de Tetris à chaque fin de timer. Enfin, le mode Big Bang repose sur la résolution d’un tableau, tandis que Combat de Talents ajoute une couche supplémentaire via des compétences activables en partie.
Ces variations permettent d’exploiter pleinement le potentiel du crossover, même si tout n’est pas toujours parfaitement équilibré. Certains modes peuvent paraître confus, et la lisibilité de l’action en pâtit parfois, mais ce joyeux bordel conserve un charme indéniable.
Sur le plan visuel, le style graphique est assuré par Takenami Hideyuki, déjà responsable de la direction artistique de Puyo Puyo Fever et impliqué sur d'autres titres comme Super Bomberman R ou le très mésestimé Arcana Strike sur Saturn. L’univers reste dans la veine habituelle de la série : coloré, expressif, parfois excessif. Chaque personnage sélectionné en versus modifie l’environnement sonore de la partie, bien que cela n’ait pas d’impact sur le gameplay — à l’exception du mode Combat de Talents. Certains pourront trouver certaines voix fatigantes sur le long terme, mais cela fait partie intégrante de l’identité sonore de la série, et donne beaucoup de peps à chaque partie.
... et au final assez peu d'ajouts a1j5l
Certes, toutes ces options sont intéressantes, mais elles étaient déjà présentes dans Puyo Puyo Tetris 2. Alors, qu’apporte réellement cette version Switch 2 pour justifier une nouvelle sortie cinq ans après l’original — et un changement de nom??
Parmi les nouveautés, on note d’abord l’ajout du de la souris. Une fonctionnalité aussi bien intégrée aux menus qu’en jeu. Dans les faits, l’expérience s’avère peu convaincante. Le maniement des pièces à la souris manque de précision, ce qui complique inutilement une mécanique qui repose normalement sur la rapidité d’exécution. Résultat : un système de contrôle peu ergonomique, qui risque de désavantager ceux qui l’utilisent. Autant dire que cette option relève davantage du gadget que d’un réel progrès.
Plus significatif : l’introduction du mode « Double ». Dans cette variante, deux joueurs partagent une seule et même grille, selon les règles de Tetris ou de Puyo Puyo. Le résultat est souvent chaotique, mais c’est aussi ce qui fait son intérêt. Ce mode brille surtout en multijoueur local. En revanche, lorsqu’on y joue avec une intelligence artificielle, le manque de réactivité et les choix douteux se font bien ressentir.
Autre ajout notable : la compatibilité avec la fonction Gameshare de la Nintendo Switch 2. Inspirée du système de streaming local de la Wii U, cette fonctionnalité permet de partager une session multijoueur en streaming avec une autre console. La technologie est efficace, avec peu de latence et une qualité d’image correcte. Toutefois, SEGA n’a pas tiré pleinement parti du potentiel de la feature. Alors que Nintendo avait annoncé la possibilité d’afficher des points de vue distincts entre l’hôte et le client, Puyo Puyo Tetris 2S se contente d’un affichage global, identique sur les deux consoles. Dans le contexte d’un jeu compétitif où l’observation de l’adversaire est souvent stratégique, ce n’est pas pénalisant, mais cela reste une occasion manquée.
Plus embêtant, le gameshare ne permet qu’un seul joueur par console. Impossible donc de connecter plusieurs manettes pour jouer à quatre sur deux Switch. Il faudra donc quatre consoles pour profiter pleinement de cette configuration multijoueur — une limitation regrettable, surtout pour un jeu qui mise autant sur la convivialité.Plus embêtant, le gameshare ne permet qu’un seul joueur par console. Impossible donc de connecter plusieurs manettes pour jouer à quatre sur deux Switch. Il faudra donc quatre consoles pour profiter pleinement de cette configuration multijoueur — une limitation regrettable, surtout pour un jeu qui mise autant sur la convivialité. Notons aussi le de la caméra, qui sera l’occasion d’afficher votre trombine à l’écran: pas indispensable, mais c’est sympa d’y avoir pensé.
En résumé, cette version 2S apporte quelques ajustements et nouveautés, mais rien de révolutionnaire. Le mode scénario, toujours aussi léger, reste utile pour prendre en main les mécaniques de jeu, tandis que le mode en ligne, complet sur le papier, souffre de serveurs désertiques.